Vivre dans l'angoisse avec Marion Muller-Colard

Vivre dans l'angoisse avec Marion Muller-Colard

Bref Résumé

Dans cet épisode des Lueurs, Marion Müller Collard, écrivaine et théologienne, partage son expérience intime avec l'angoisse et l'anxiété. Elle explique comment ces sentiments l'ont accompagnée depuis l'enfance et comment elle a appris à vivre avec. Les points clés abordés incluent :

  • L'origine de son angoisse et son lien avec la conscience de la mort.
  • L'épreuve du réel, marquée par la maladie de son enfant, et comment elle a trouvé du réconfort dans les mots et les gestes des autres.
  • L'importance d'accepter son angoisse et de trouver un équilibre entre prudence et simplicité pour vivre pleinement.

Introduction

Jonathan reçoit Marion Müller Collard, écrivaine et théologienne protestante, pour discuter de l'anxiété et de l'intranquillité. Marion se décrit comme une personne très anxieuse depuis son enfance. L'objectif de la discussion est d'explorer comment vivre avec ses angoisses et comment une personne croyante peut gérer son intranquillité.

Étape 1 - L'angoisse

Marion explique que son angoisse a commencé dès l'enfance, notamment avec la peur de la nuit et le sentiment que le monde disparaissait. Elle décrit une sensation de vide et de chaos. Elle n'a pas grandi dans une famille très croyante, bien que son grand-père était pasteur. Elle a reçu l'idée que bien prier pouvait assurer une forme de sécurité, mais elle n'y a jamais cru. Elle a rapidement réalisé qu'il n'y a pas de justice immanente et qu'on ne peut pas se protéger des malheurs de la vie. Elle a été tentée par des systèmes de croyance qui promettaient une illusion de sécurité, mais elle a fini par rejeter cette idée. Elle souligne que la religion propose souvent une négociation avec le malheur, mais elle ne croit pas à cette possibilité. Elle a compris que la relation contractuelle avec Dieu, où l'on prie pour obtenir une protection, ne fonctionne pas. Elle se souvient de son angoisse enfantine lorsque ses parents partaient et de sa peur qu'ils aient un accident. Elle a toujours été inquiète et ne pense pas pouvoir se défaire de cette inquiétude.

Étape 2 - L'épreuve du réel

Marion raconte que son angoisse théorique est devenue réalité lorsque son deuxième enfant est tombé gravement malade. Elle se souvient avoir regardé un documentaire sur les enfants malades à l'hôpital Necker et s'être dit que cela ne pouvait pas lui arriver. Cependant, son fils a été réanimé après avoir cessé de respirer, et elle a vécu une période d'incertitude quant à sa survie et à son état futur. Elle explique qu'à ce moment-là, elle n'avait plus peur, mais qu'elle était dans le trou. Elle ne s'est pas raccrochée à la prière, mais a trouvé du réconfort dans les mots et les gestes des autres. Elle souligne l'importance de la communion humaine et de la transcendance horizontale dans ces moments difficiles. Elle se souvient de la boulangère qui, ne pouvant plus la regarder dans les yeux, exprimait sa tristesse et son inquiétude. Elle a également été touchée par la maladresse de certaines personnes qui ne savaient pas quoi dire, mais qui montraient leur compassion. Elle a réalisé que la communauté humaine se mobilise face au malheur, surtout lorsqu'il frappe un enfant. Cette épreuve a confirmé que la menace est réelle et qu'elle peut frapper à tout moment. Elle a traversé une nuit d'angoisse totale et a dû partir pour ne pas être toxique pour ses enfants. Elle a vécu une dépression profonde, où elle a perdu toute adhésion à la vie. Sa seule consolation était de savoir qu'elle ne serait plus étrangère à cette expérience. Elle a touché le fond et a arrêté d'esquiver la réalité. Elle a compris qu'il n'y a pas de règles et que le malheur peut frapper à nouveau. Elle a dû retrouver l'idée de faire confiance sans que cela signifie que tout va bien se passer. Elle a réalisé qu'elle devait vivre et affronter les malheurs lorsqu'ils arriveraient. Elle a compris qu'elle ne pouvait pas imposer ses règles à la vie et qu'elle devait accepter le jeu tel qu'il est.

Étape 3 - Vivre avec ses grandes angoisses

Marion souligne l'importance de consulter un professionnel en cas de dépression. Elle explique qu'elle a trouvé du courage en elle-même, en s'inspirant du livre "Le Courage d'être" de Paul Tillich. Elle a compris que Dieu est le complice du courage d'être, celui qui pousse à avancer malgré la menace. Elle se dit souvent que la somme est positive, c'est-à-dire que la joie d'avoir connu et partagé avec une personne est supérieure à la douleur de la perdre. Elle vit aujourd'hui avec une conscience moins forte de la menace, mais elle accepte son angoisse et a appris à ne plus lutter contre elle. Elle consent à son "petit vélo" intérieur, cette hyper vigilance qui l'amène à s'inquiéter. Elle a appris à avoir de la tendresse pour cette névrose, qui fait partie d'elle. Elle considère que cette angoisse est le symptôme de la conscience de la mort et de l'injonction de vivre. Elle aime l'idée que Dieu pose des limites au chaos. Elle a appris à poser des limites à son angoisse pour qu'elle ne l'empêche pas de vivre. Elle se souvient d'une parole d'évangile qui dit que les inquiétudes ne rallongent pas la durée de nos vies. Elle conseille aux personnes anxieuses de vivre la vie à 100 000 % et de laisser leurs enfants vivre leur vie à 100 000 %. Elle termine en partageant une citation de Jésus : "Soyez simples comme la colombe et prudents comme le serpent", soulignant l'importance de trouver un équilibre entre ces deux attitudes.

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