Sarkozy condamné : « Une semaine de désinformation folle »

Sarkozy condamné : « Une semaine de désinformation folle »

Bref Résumé

Cette vidéo de Mediapart examine en profondeur la couverture médiatique de la condamnation de Nicolas Sarkozy dans l'affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Elle déconstruit les affirmations erronées et les mensonges véhiculés par de nombreux commentateurs et éditorialistes, tout en soulignant le rôle crucial du journalisme d'enquête indépendant.

  • Démontrer les inexactitudes factuelles et les manipulations médiatiques entourant la condamnation de Nicolas Sarkozy.
  • Souligner l'importance d'une information rigoureuse et indépendante face aux tentatives de désinformation et de relativisation des faits.
  • Examiner le rôle des chaînes d'information en continu et les pressions exercées sur les journalistes qui tentent de rétablir les faits.

Introduction [0:00]

L'émission commence par une introduction dénonçant les commentaires médiatiques biaisés et les mensonges qui ont suivi la condamnation de Nicolas Sarkozy pour association de malfaiteurs dans l'affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. L'animateur souligne que de nombreux commentateurs et journalistes semblent donner raison à Sarkozy, tandis que la juge ayant rendu la décision a été menacée de mort. L'objectif de l'émission est de démystifier les erreurs et les absurdités qui ont été diffusées dans les médias.

Distinguer le vrai du faux dans ce qui a été dit sur la condamnation de Nicolas Sarkozy [1:58]

Fabrice Arfi, coresponsable du pôle enquête de Mediapart, explique qu'il va passer en revue les arguments les plus fréquemment entendus dans le débat public afin de distinguer le vrai du faux concernant la condamnation de Nicolas Sarkozy. Il souligne que de nombreuses approximations, erreurs factuelles et mensonges ont été diffusés dans les médias concernant sa condamnation pour association de malfaiteurs et le travail de Mediapart.

Affirmation 1 : « Le dossier est vide » [3:32]

Fabrice Arfi réfute l'affirmation selon laquelle le dossier est vide en rappelant que Nicolas Sarkozy, Claude Guéant et Brice Hortefeux ont été condamnés pour avoir négocié avec Abdallah Senoussi, le numéro 2 du régime Kadhafi, en vue du financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Il souligne que ces négociations ont eu lieu lors de deux rendez-vous secrets à Tripoli en 2005, et que le tribunal a estimé que la partie libyenne avait honoré sa part du pacte en versant 6,5 millions d'euros pour financer la campagne de Sarkozy.

Affirmation 2 : « Il n’y a pas eu de financement libyen de la campagne » [6:13]

Fabrice Arfi conteste l'idée qu'il n'y a pas eu de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy. Il cite le jugement du tribunal qui indique que le pactole libyen a donné lieu à des retraits d'espèces importants dans une temporalité compatible avec la campagne électorale. Il mentionne également que des espèces illégales ont circulé au QG de campagne de Nicolas Sarkozy et au QG de l'UMP, et que les explications du trésorier de la campagne, Éric Woerth, ont été jugées non crédibles par le tribunal.

Affirmation 3: « Il n’y a pas de preuves » [9:37]

Fabrice Arfi réfute l'argument selon lequel il n'y a pas de preuves dans le dossier. Il mentionne les virements bancaires prouvant le financement du régime libyen, les carnets de Choukri Ghanem (un ancien dignitaire libyen) consignant les versements pour la campagne de Sarkozy, les retraits d'espèces consignés dans les banques, et les archives des intermédiaires. Il souligne également qu'il y a eu 52 perquisitions dans le dossier, et que des documents ont été retrouvés au ministère de l'Intérieur et à la présidence de la République.

Affirmation 4 : « Nicolas Sarkozy n’a pas été condamné pour corruption. Il n’y a donc pas de pacte de corruption » [11:37]

Fabrice Arfi explique que, bien que Nicolas Sarkozy ait été relaxé pour corruption, le tribunal a reconnu l'existence d'un pacte corruptif négocié avec le terroriste Abdallah Senoussi par les hommes de Sarkozy. Il précise que ce pacte comportait trois contreparties : réaccompagner la Libye dans le concert des nations, promettre de revoir la situation pénale du terroriste condamné en France, et vendre du nucléaire au dictateur Mouammar Kadhafi. Sarkozy a été relaxé pour corruption car le tribunal a estimé qu'il n'avait pas négocié le pacte en tant que dépositaire de l'autorité publique.

Affirmation 5 : « La justice s’est montrée particulièrement sévère » [13:55]

Fabrice Arfi corrige l'affirmation selon laquelle la justice s'est montrée particulièrement sévère en appliquant à Nicolas Sarkozy la peine maximale prévue dans le cadre de l'association de malfaiteurs. Il précise que la peine maximale pour ce délit est de 10 ans, et que Nicolas Sarkozy a été condamné à 5 ans.

Affirmation 6 : « Nicolas Sarkozy a un casier vierge » [14:44]

Fabrice Arfi explique que Nicolas Sarkozy n'a plus de casier judiciaire vierge aujourd'hui, car il a été définitivement condamné pour corruption dans l'affaire Bismuth. Il précise que le mandat de dépôt n'est pas prononcé par rapport à son casier judiciaire, mais en raison de la gravité exceptionnelle des faits et de son attitude vis-à-vis de ses condamnations.

Affirmation 7 : « La note publiée par Mediapart est un faux » [16:42]

Fabrice Arfi rappelle que les premières révélations de Mediapart datent de 2011, et que l'enquête judiciaire a été ouverte en avril 2013 suite aux déclarations de l'agent de corruption Ziad Takieddine. Il souligne que la Cour de cassation a dit que ce document n'était ni un faux matériel ni un faux intellectuel.

Affirmation 8 : « Il y a un complot entre Mediapart et la justice contre Nicolas Sarkozy » [17:55]

Fabrice Arfi réfute l'accusation de complot entre Mediapart et la justice contre Nicolas Sarkozy. Il souligne que le seul complot dans cette affaire est celui pour lequel Nicolas Sarkozy et ses soutiens ont été condamnés, à savoir la négociation d'un pacte corruptif avec un terroriste pour le financement illégal de sa campagne.

La manipulation du « Point » [21:16]

Fabrice Arfi dénonce un article du Point qui contient pas moins de 19 erreurs factuelles sur la note libyenne. Il explique qu'il a répondu exhaustivement aux questions du journaliste du Point, mais qu'aucune de ses réponses n'a été prise en compte.

Affirmation 9 : « Nicolas Sarkozy n’a pas été jugé par le bon tribunal » [22:42]

Fabrice Arfi explique que Nicolas Sarkozy ne relève pas de la Cour de justice de la République (CJR), car les actes commis sont détachables de sa fonction de ministre de l'Intérieur. Il souligne que la CJR est une justice d'exception, et que Nicolas Sarkozy a déjà soulevé cet argument à l'instruction et devant le tribunal, mais qu'il a perdu à chaque fois.

Affirmation 10 : Nicolas Sarkozy a été envoyé en prison « alors qu’il ne peut pas récidiver » [23:48]

Fabrice Arfi explique que le mandat de dépôt a été prononcé en raison de la gravité exceptionnelle des faits et de l'attitude de Nicolas Sarkozy vis-à-vis de ses condamnations. Il souligne que Nicolas Sarkozy est condamné comme n'importe quel citoyen français, et qu'il y a une haine de l'égalité devant la loi chez certains commentateurs qui ne supportent pas l'idée que des politiques puissent être traités comme tout le monde.

Les attaques et menaces contre Mediapart [27:14]

Fabrice Arfi mentionne que les codirectrices éditoriales de Mediapart, Lénaïg Bredoux et Valentine Oberti, ont publié un texte dénonçant les attaques contre Mediapart et les menaces reçues par les journalistes et les magistrats. Il précise que lui-même a reçu des menaces de mort, et que ses avocats sont en train de rédiger une plainte.

Présentation des invités [29:11]

L'animateur présente les invités de l'émission : Marine Babonneau, journaliste au Canard enchaîné et spécialiste de la justice ; Nicolas Cassia, chercheur spécialiste des médias ; et Unes Abzouz, journaliste à Mediapart.

Une avalanche de commentaires médiatiques sur le jugement [30:33]

Les invités partagent leurs impressions sur la couverture médiatique du jugement. Marine Babonneau souligne qu'on n'a pas beaucoup entendu les journalistes judiciaires. Nicolas Cassiaf estime que cette semaine a mis à nu le mode de fonctionnement du système médiatique actuel et les liens entre les journalistes, les acteurs politiques et les propriétaires des médias. Unes Abzouz explique que son article porte sur la désinformation qui a été diffusée sur les chaînes d'information, et que l'affaire semble commencer à l'instant où Sarkozy sort de la salle d'audience et s'exprime devant les caméras.

Le décalage entre la couverture des audiences et la couverture du jugement [39:08]

Fabrice Arfi et Marine Babonneau soulignent le décalage immense entre ce qui s'est passé pendant les 38 audiences du procès et la façon dont le jugement est commenté dans les médias. Ils expliquent que Nicolas Sarkozy a préempté un narratif à la sortie du tribunal, et qu'il est devenu une sorte de chef de chœur qui écrit la partition d'une partie des télés.

Les rédactions ont absorbé la communication de Nicolas Sarkozy ? [44:39]

Les intervenants analysent comment les éléments de langage de Nicolas Sarkozy ont été repris par de nombreux médias, créant une mise en doute de la décision de justice. Des exemples sont donnés, montrant des journalistes et éditorialistes reprenant les arguments de Sarkozy sans les remettre en question.

Le rôle du journalisme dans une chaîne d’information [58:55]

Unes Abzouz souligne que le rôle du journalisme dans une chaîne d'information est souvent réduit à faciliter des discussions sans faire triompher les faits. Elle explique que les plateaux télévisés sont souvent composés d'éditorialistes et de commentateurs proches de Nicolas Sarkozy, qui diffusent une quantité incroyable de désinformation et d'approximations.

Le rapport sacré à la politique [1:04:05]

Fabrice Arfi explique que l'ignorance factuelle et judiciaire se conjugue à une espèce de rapport sacré à la politique dans le monde du commentaire politique. Il souligne que le mandat de dépôt touche au corps du roi, et qu'il y a des gens qui ne supportent pas l'idée que des politiques puissent être traités comme tout le monde.

La lutte contre la corruption en France [1:07:53]

Fabrice Arfi souligne qu'il est difficile de lutter efficacement contre la corruption avec l'appareil juridique actuel. Il estime qu'il y a une absence de volonté politique de lutter contre la corruption en France, et que les médias parlent très peu de la corruption et beaucoup plus de la note de Mediapart.

Le cas de BFMTV [1:10:36]

Unes Abzouz présente l'enquête qu'elle a menée avec David Pérotin sur BFMTV. Elle explique que, malgré un mail envoyé par le service police justice de la rédaction pour informer toute l'équipe de la chaîne, de nombreux présentateurs et invités ont diffusé des informations erronées et des commentaires biaisés. Elle révèle également que la journaliste Alexandra Gonzalez a été convoquée par la directrice de la rédaction pour avoir rappelé les faits en plateau.

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Date: 11/2/2025 Source: www.youtube.com
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