Bref Résumé
Jean-Claude Leca présente l'ouvrage de David Glantz sur la guerre germano-soviétique, soulignant son importance pour comprendre le 20e siècle et les enjeux actuels. Il met en lumière la falsification de l'histoire de cette guerre par l'Occident, notamment en minimisant le rôle de l'URSS et en dénaturant les objectifs du nazisme. Leca critique également la littérature historique française sur le sujet, qu'il juge souvent partiale et péténiste.
- La guerre germano-soviétique est essentielle pour comprendre le 20e siècle et les enjeux actuels.
- L'histoire de cette guerre a été falsifiée par l'Occident, notamment en minimisant le rôle de l'URSS et en dénaturant les objectifs du nazisme.
- La littérature historique française sur le sujet est souvent partiale et péténiste.
Introduction [0:01]
Jean-Claude Leca, chercheur retraité du CNRS et communiste passionné d'histoire, présente le livre de David Glantz sur la guerre germano-soviétique (1941-1945). Il souligne que cet ouvrage, bien que relevant de l'histoire militaire, est crucial pour comprendre le 20e siècle, le nazisme et les enjeux contemporains. Leca explique que son intérêt pour ce sujet découle de son parcours de militant communiste et de sa volonté de rétablir la vérité historique face aux falsifications et aux manipulations médiatiques.
Parcours personnel et contexte historique [2:42]
Leca explique son parcours personnel de communiste depuis 1968, marqué par des événements tels que l'invasion de la Tchécoslovaquie et la victoire du Vietnam. Il évoque le déclin de l'URSS, la contestation des droits de l'homme, la critique du Goulag et de Staline, ainsi que la dissolution de l'URSS en 1991. Leca dénonce le déferlement anticommuniste des années 1990, notamment le "Livre noir du communisme" et la théorie du totalitarisme d'Hannah Arendt. Il mentionne le séminaire de Jean Salem à la Sorbonne comme une lueur d'espoir, mais regrette les divisions et les tabous persistants autour de Staline et de la fin de l'URSS.
L'URSS en guerre permanente et l'industrialisation stalinienne [8:10]
Leca explique que l'URSS a toujours été en guerre depuis la guerre civile russe, instrumentalisée par les Occidentaux. Les bolcheviks ont dû faire face à un pays détruit et pauvre, tout en étant persuadés d'une future invasion occidentale. Staline a lancé l'industrialisation à marche forcée avec les plans quinquennaux, votés à partir de 1928, pour défendre le pays. Leca cite un discours de Staline en 1931, soulignant la nécessité de rattraper le retard industriel et militaire de la Russie pour éviter d'être écrasée par les puissances étrangères.
Le nazisme et ses objectifs [13:05]
Leca souligne que le nazisme est la cause de la guerre germano-soviétique et lui a donné sa dimension apocalyptique. Il dénonce la perversion de l'histoire officielle qui réduit le nazisme à l'extermination des Juifs, gommant ainsi son anticommunisme fondamental. Leca affirme que les objectifs principaux d'Hitler étaient l'hégémonie européenne par la destruction de la Russie et l'anéantissement du communisme. Il cite une confidence d'Hitler en 1939, révélant que tout ce qu'il entreprenait était dirigé contre la Russie et qu'il avait besoin de l'Ukraine pour éviter la famine.
Les plans nazis d'extermination et de colonisation [16:53]
Leca explique que les plans allemands prévoyaient de conquérir l'URSS en 3 à 6 mois, de la diviser en protectorats, d'exterminer la population slave jugée inférieure et de s'approprier les terres noires de l'Ukraine et de la Russie centrale. Il décrit le "Hunger Plan" de Herbert Backe, qui consistait à affamer les populations civiles soviétiques pour diminuer leur nombre de 10 à 30 millions. Leca cite l'historien Alexander Dallin, qui résume les trois buts fondamentaux de la guerre : liquider le bolchevisme, détruire l'URSS et acquérir de vastes territoires à exploiter.
Falsifications de l'histoire et minimisation du rôle de l'URSS [20:12]
Leca dénonce la propagande occidentale qui dénature le nazisme et minore la guerre germano-soviétique dans l'ensemble de la Seconde Guerre mondiale. Il critique l'histoire de la Seconde Guerre mondiale de Basil Liddell Hart, où la guerre germano-soviétique représente seulement 15% des pages, sans chiffres ni appréciation des dimensions des batailles. Leca dénonce le silence complet sur les pertes soviétiques et les atrocités allemandes, ainsi que la salissure de l'Armée rouge avec les accusations de viols. Il souligne l'effacement du rôle de l'URSS dans la victoire et la survalorisation des batailles anglo-américaines.
L'importance des travaux de David Glantz et le bilan de la guerre [26:47]
Leca salue les travaux de David Glantz, qui apportent une bouffée d'oxygène et une lumière sur la vérité historique. Glantz a travaillé sur les archives soviétiques, connaît le déroulement des batailles et le nombre de victimes. Leca souligne que Glantz affirme clairement que c'est l'Armée rouge qui a abattu le nazisme et que les Anglo-Saxons n'y sont pas pour grand-chose. Il remet les choses au point avec les chiffres, montrant l'ampleur des batailles et les pertes effarantes des Soviétiques. Leca estime que le bilan de la guerre est de 30 à 35 millions de victimes soviétiques, et non de 27 millions comme annoncé officiellement.
Le paysage éditorial français et le péténisme [37:51]
Leca critique le paysage éditorial français sur la Seconde Guerre mondiale, qu'il juge souvent partial et péténiste. Il regrette que des auteurs allemands qui ont fait un travail remarquable sur les crimes nazis ne soient pas traduits en France. Leca dénonce les auteurs français qui consacrent des livres aux crimes de l'Armée rouge ou qui glorifient les faits d'armes de la Wehrmacht. Il salue Anil Croisière, le seul historien français qui a fouillé dans les archives pour décrire la mentalité des intellectuels et des historiens français inspirés par le péténisme. Leca conclut que l'édition française est une édition sale.
Conclusion [51:35]
Leca remercie Jean-Claude LEC pour son éclairage sur les enjeux de la guerre germano-soviétique, qui permet d'expliquer beaucoup de choses au 20e siècle et aujourd'hui avec la guerre en Ukraine. Il signale les deux articles de Leca dans la revue Étincelle, qui sont une très bonne synthèse du livre de Glantz et de son introduction. Leca annonce un séminaire sur l'affaire Dreyfus organisé par l'association des Amis d'en guimin en novembre.