Bref Résumé
Cette présentation explore l'importance des découvertes épigraphiques récentes pour éclairer la Bible hébraïque et son contexte historique. Elle met en lumière une collection inédite d'inscriptions hébraïques anciennes, soulignant leur authenticité et leur potentiel pour enrichir notre compréhension de l'histoire biblique et de la religion du royaume de Juda.
- Importance de l'épigraphie pour comprendre le contexte historique de la Bible.
- Présentation d'une collection inédite d'inscriptions hébraïques anciennes.
- Discussion de l'authenticité et de la provenance de ces inscriptions.
- Analyse de la datation et du contenu des inscriptions.
- Exemples concrets de l'apport de ces inscriptions à la compréhension du texte biblique.
Introduction
L'orateur exprime sa gratitude pour l'invitation à discuter de nouvelles inscriptions hébraïques anciennes qui mettent en lumière la Bible et son écriture. Il souligne l'importance d'une approche historique des traditions bibliques, visant à comprendre comment les auteurs de la Bible ont écrit ces textes dans leur contexte d'époque, une tâche plus ardue que d'étudier la réception moderne de la Bible. L'approche adoptée est celle d'un historien, traitant les textes bibliques comme n'importe quel autre objet d'étude de l'Antiquité, en s'appuyant sur la documentation disponible.
Sources Historiques et Épigraphie
L'historien s'appuie sur des sources classiques telles que les écrits historiographiques d'auteurs anciens comme Hérodote et Flavius Josèphe, qui a documenté l'histoire du judaïsme antique. Cependant, il est crucial de confronter ces sources avec la documentation trouvée sur le terrain, notamment l'épigraphie et l'archéologie. L'épigraphie, en particulier, offre un intérêt particulier car elle fournit des textes en hébreu, la langue de la Bible hébraïque, permettant de comparer le texte biblique avec des inscriptions contemporaines.
Découvertes Épigraphiques Majeures
L'orateur mentionne quelques découvertes épigraphiques majeures pour la Bible hébraïque, notamment la stèle de Mésha, découverte il y a plus de 150 ans et conservée au Louvre. Écrite dans une langue proche de l'hébreu, elle date du IXe siècle avant notre ère et mentionne le tétragramme, le nom du Dieu d'Israël, ainsi que des rois mentionnés dans la Bible. Il cite également la stèle de Tel Dan, plus récente (années 1990), écrite en araméen, qui mentionne la dynastie du roi David. Enfin, il évoque les manuscrits de la mer Morte, datant d'une période plus tardive, qui contiennent des manuscrits bibliques eux-mêmes, offrant une source précieuse pour étudier l'histoire du texte biblique.
Nouvelles Inscriptions Hébraïques
L'attention se porte sur des inscriptions nouvellement découvertes, inédites, sur lesquelles l'orateur travaille avec André Lemaire. Ces découvertes, bien que moins spectaculaires que les précédentes, sont importantes pour mieux comprendre l'écriture de la Bible. Il mentionne une inscription découverte à Rbetaraï par Joseph Garfinkel, datant du XIIe ou XIe siècle avant notre ère, un fragment de poterie portant le nom propre Yerubaal.
L'Inscription de Yerubaal et l'Évolution de l'Alphabet
L'inscription de Yerubaal est intéressante à plusieurs titres. D'abord, la forme des lettres est très ancienne, représentant une étape précoce de l'alphabet, avant qu'il ne devienne l'alphabet hébreu connu. Cette inscription est une sorte de chaînon manquant dans l'évolution de l'alphabet entre les hiéroglyphes égyptiens et l'alphabet hébreu utilisé pour écrire la Bible. De plus, le nom Yerubaal renvoie au livre des Juges, où il est l'autre nom de Gédéon, un personnage datant de l'époque des juges.
Importance de l'Épigraphie et Présentation de la Collection Yelson
L'épigraphie est essentielle pour documenter l'histoire de la Bible et sa rédaction, même les plus petits fragments pouvant fournir des informations précieuses. L'orateur présente ensuite une nouvelle collection d'ostraca appartenant à David Yelson, un collectionneur suisse. Cette collection, acquise sur le marché des antiquités, pose des problèmes d'authenticité et de provenance, mais elle offre un potentiel unique pour la recherche.
Le Problème du Pillage et l'Authenticité des Antiquités
Le pillage des sites archéologiques est un problème majeur, causé par l'instabilité politique au Moyen-Orient. Les pilleurs détruisent des informations précieuses en ne préservant pas les vestiges correctement et en ne documentant pas leur contexte. De plus, le marché des antiquités encourage la spéculation et la falsification. Il est difficile d'ignorer la documentation provenant du marché des antiquités, mais il est crucial de vérifier l'authenticité des objets.
Preuve d'Authenticité : La Formule de Salutation Inédite
Dans le cas de cette collection, une preuve positive de l'authenticité des inscriptions a été trouvée grâce à une formule de salutation inédite : "Ton bien-aimé t'écrit". Cette formule, présente dans plusieurs inscriptions, a été confirmée par une collègue israélienne qui travaillait sur une inscription découverte lors de fouilles régulières à Arad. Le faussaire n'aurait pas pu connaître cette formule, car elle n'avait pas encore été découverte à l'époque où les inscriptions sont arrivées chez le collectionneur.
Provenance des Inscriptions : Le Site de Makeda
Bien que la provenance exacte des inscriptions soit inconnue, l'analyse des toponymes mentionnés dans les textes suggère qu'elles proviennent principalement du site de Makeda, aujourd'hui RBELcom. Ce site a été fouillé brièvement en 1967, révélant des inscriptions rupestres et des ostraca. Makeda est le nom de lieu le plus fréquemment mentionné dans les inscriptions, et sa position centrale par rapport aux autres noms de lieux suggère qu'il s'agit de leur origine.
Datation des Inscriptions et Contexte Historique
La datation des inscriptions repose sur la paléographie, l'étude de la forme des lettres. La plupart des inscriptions datent de la seconde moitié du VIIe siècle avant notre ère, voire du début du VIe siècle, ce qui correspond à la période du royaume de Juda après la chute du royaume de Samarie. Certaines inscriptions mentionnent des années de règne, notamment l'an 20 et l'an 26, ce qui pourrait correspondre au règne de Josias.
Techniques de Déchiffrement : Imagerie Multispectrale
Le déchiffrement des inscriptions est un défi en raison de leur état fragmentaire et de l'effacement du texte. Pour surmonter ces difficultés, un système d'imagerie portable multispectrale a été développé, permettant de prendre des photos à différentes longueurs d'onde, y compris dans l'infrarouge et l'ultraviolet. Cette technique permet de révéler des traces d'encre invisibles à l'œil nu, recouvertes par des dépôts calcaires.
Contenu des Inscriptions : Genres Littéraires et Exemples
Les inscriptions contiennent une variété de genres littéraires, notamment des messages, des listes de noms propres, des inscriptions sur vase, des exercices de scribes, des reçus et des listes de terrains. Pour illustrer l'apport de ces inscriptions à la compréhension de la Bible hébraïque, l'orateur prend l'exemple de l'inscription numéro 417, qui mentionne Baal Shamaï et le fait de faire cuire pour ce dieu.
L'Inscription 417 et la Réforme de Josias
L'inscription 417, qui mentionne Baal Shamaï et le fait de faire cuire pour ce dieu, pourrait être liée à la réforme religieuse du roi Josias, qui visait à éliminer le culte d'autres divinités. Cette inscription pourrait être un exemple concret de la mise en œuvre de cette réforme, avec la condamnation de quelqu'un qui aurait pratiqué un culte à Baal. De plus, le fait de faire cuire pour une divinité est également mentionné dans le livre de Jérémie, où il est question de faire des gâteaux à la reine du ciel.
Onomastique et le Dieu Yahvé
L'étude des noms propres (onomastique) révèle que la plupart des noms mentionnés dans les inscriptions sont théophores, c'est-à-dire qu'ils contiennent le nom d'une divinité. Or, à cette époque, la seule divinité mentionnée dans les prénoms est Yahvé, ce qui confirme que le royaume de Juda était devenu monothéiste. Cette observation contraste avec les inscriptions plus anciennes, où l'on trouve des noms théophores contenant le nom d'autres dieux, comme Baal.
Conclusion
La collection d'inscriptions hébraïques anciennes présentée est une découverte importante qui offre de nouvelles perspectives sur l'histoire du texte biblique, la religion du royaume de Juda et la société de l'époque. La publication de ces inscriptions, prévue dans les mois à venir, sera une contribution majeure à l'épigraphie hébraïque.